LE CONSEIL,
VU l'article 5 b) de la Convention relative à
l'Organisation de coopération et de développement économiques en date du 14
décembre 1960 ;
VU la Recommandation du Conseil concernant
l'accès aux données de la recherche financée sur fonds publics [C(2006)184] et
la Recommandation du Conseil concernant le développement du haut débit
[C(2003)259] ;
SOUCIEUX d'accroître les retours sur les
investissements publics dans les informations du secteur public1 ainsi que les retombées économiques
et sociales d'un accès, d'une utilisation et d'une réutilisation2 plus larges, du fait notamment d'une
distribution plus efficiente, d'une innovation accrue et du développement de
nouveaux usages ;
SOUCIEUX de promouvoir une distribution plus
efficiente de l'information et des contenus, de même que le développement de
nouveaux produits et services d'information, notamment par une concurrence sur
le marché entre réutilisateurs de l'information ;
CONSIDÉRANT l'utilité de principes convenus
de façon concertée pour un accès élargi et une utilisation plus efficace
concernant les informations du secteur public, tant pour le secteur public que
pour le secteur privé ;
RECONNAISSANT que les efforts pour améliorer
l'accès aux informations du secteur public et leur utilisation doivent prendre
en compte les obligations et restrictions légales, notamment en matière de
droits de propriété intellectuelle et de secret commercial, de gestion efficace
et sécurisée de l'information à caractère personnel, de confidentialité ainsi
que de sécurité nationale, de même que les principes fondamentaux tels ceux de
la démocratie, des droits humains et de la liberté de l'information et que, par
conséquent, certains principes énoncés dans la présente Recommandation,
concernant notamment l'ouverture et la réutilisation, peuvent être appliqués à
des degrés différents aux diverses catégories d'informations du secteur public.
Sur la proposition du Comité de la
politique de l'information, de l'informatique et des communications :
RECOMMANDE que, lorsqu'ils mettent en place
ou révisent leurs politiques concernant l'accès aux informations du secteur
public et leur utilisation, les pays Membres prennent dûment en compte et
mettent en œuvre les principes suivants qui définissent un cadre général pour
une utilisation plus large et plus efficace des informations et contenus du
secteur public et la création de nouveaux usages à partir de ces sources :
- Ouverture. Maximiser la disponibilité des informations du
secteur public en vue de leur utilisation et de leur réutilisation en
prenant l'ouverture comme règle de base destinée à faciliter l'accès et la
réutilisation. Élaborer un régime de principes régissant l'accès ou
prendre comme règle de base le caractère ouvert des informations du
secteur public chaque fois que possible, quel que soit le modèle de
financement de la création et de la tenue à jour de ces informations.
Définir les motifs de refus ou de limitation, par exemple pour des raisons
de protection de la sécurité nationale ou de la vie privée, ou de
préservation d'intérêts privés, s'agissant notamment d'œuvres protégées
par le droit d'auteur, ou en application de la législation, et des règles
en matière d'accès national.
- Accès et conditions transparentes de
réutilisation. Encourager
un large accès et des conditions concurrentielles et non discriminatoires
pour la réutilisation des informations du secteur public, éliminer les
arrangements exclusifs et supprimer les restrictions inutiles sur les
modes d'accès, d'utilisation, de réutilisation, de combinaison ou de
partage, de telle manière qu'en principe toute l'information accessible
soit susceptible d'être réutilisée par tous. Améliorer l'accès à
l'information sur Internet et sous forme électronique. Offrir et
développer des systèmes d'autorisation automatisés en ligne, dans le cas
d'un régime de licences de réutilisation, en tenant compte du principe du
droit d'auteur ci-après.
- Listes de ressources. Faire mieux connaître les
informations du secteur public qui sont accessibles et réutilisables. A
cet effet, produire par exemple des listes et inventaires des ressources
d'information, de préférence publiés en ligne, et présenter clairement les
conditions d'accès et de réutilisation aux points d'accès à l'information.
- Qualité. Assurer des pratiques méthodiques de collecte et
d'administration des données améliorant la qualité et la fiabilité,
notamment par la coopération des divers organismes publics impliqués dans
la création, la collecte, le traitement, le stockage et la distribution
des informations du secteur public.
- Intégrité. Maximiser l'intégrité et la disponibilité de
l'information par l'utilisation de pratiques exemplaires dans la gestion
de l'information. Élaborer et mettre en œuvre des mesures de sauvegarde
appropriées pour protéger l'information contre des modifications non
autorisées ou le blocage intentionnel ou non intentionnel des accès
autorisés à l'information.
- Nouvelles technologies et conservation à
long terme. Améliorer
les technologies d'archivage, recherche et extraction interopérables et
approfondir les recherches connexes, notamment celles visant à améliorer
l'accès aux informations du secteur public et leur disponibilité en
plusieurs langues, et veiller au développement des compétences nécessaires
dans ce domaine. Traiter le problème de l'obsolescence technologique et
relever les défis de la conservation et de l'accès à long terme. Trouver
de nouvelles voies pour la numérisation des informations et contenus
existants du secteur public, pour le développement de produits et données
du secteur public qui soient numériques dès l'origine, et pour les projets
de numérisation à caractère culturel (radiodiffuseurs publics,
bibliothèques numériques, musées, etc.), dans les cas où les mécanismes du
marché n'encouragent pas l'essor de la numérisation.
- Droit d'auteur. Les droits de propriété intellectuelle devraient
être respectés. Il existe une large gamme d'options pour traiter les
droits d'auteur sur les informations du secteur public, depuis la
détention des droits par les gouvernements ou des entités privées jusqu'à
l'absence de droit sur les informations du secteur public. Exercer le
droit d'auteur d'une façon qui facilite la réutilisation (y compris en
renonçant aux droits d'auteur et en créant des mécanismes qui facilitent
le renoncement aux droits d'auteur quand les titulaires y consentent et en
ont la faculté, et en élaborant des mécanismes pour la gestion des œuvres
orphelines) et, le cas échéant, établir en accord avec les détenteurs des
droits d'auteur des mécanismes simples pour promouvoir un accès et une
utilisation plus larges (y compris des dispositifs simples et efficaces
pour la cession de licences) et encourager les organismes publics et
autres institutions qui financent des œuvres de sources extérieures à
trouver des moyens de rendre ces œuvres largement accessibles par le
public.
- Tarification. Quand les informations du service public ne sont
pas fournies gratuitement, veiller à une tarification transparente et
cohérente de ces informations à l'intérieur des différentes organisations
du secteur public et autant que possible entre elles, afin de faciliter
l'accès et la réutilisation et d'assurer la concurrence. Si possible, les
frais demandés à l'utilisateur ne devraient pas excéder les coûts
marginaux d'entretien et de distribution, et, dans des cas spécifiques,
les coûts supplémentaires concernant, par exemple, la numérisation. Fonder
toute tarification supérieure aux coûts sur des principes politiques
clairement exprimés.
- Concurrence. Veiller à ce que les stratégies de tarification
prennent en compte les considérations de concurrence déloyale lorsque
simultanément des entités publiques et des entreprises privées fournissent
des services à valeur ajoutée. Rechercher la neutralité concurrentielle et
l'égalité et la rapidité d'accès quand il existe des possibilités de
subventions croisées avec d'autres activités publiques qui sont
monopolistiques, ou quand les charges sur les activités publiques sont
moindres. Imposer aux organismes publics d'appliquer à leurs propres
activités en aval/à valeur ajoutée le même traitement qu'à leurs
concurrents pour des finalités comparables, notamment sur le plan de la
tarification. Prêter une attention particulière aux sources uniques de
ressources d'information. Promouvoir des arrangements non exclusifs pour
la diffusion de l'information afin que les informations du secteur public
soient ouvertes à tous les utilisateurs et réutilisateurs à des conditions
non-exclusives.
- Mécanismes de recours. Mettre en place des procédures adéquates
et transparentes d'administration des plaintes et de recours.
- Partenariats public-privé. Faciliter les partenariats public-privé
pour la mise à disposition des informations du secteur public lorsque cela
est justifié et praticable, par exemple en trouvant des moyens créatifs de
financer les coûts de la numérisation, tout en développant l'accès et les
droits de réutilisation par des tiers.
- Accès et utilisation au niveau international.
Harmoniser davantage les
régimes et l'administration de l'accès de manière à faciliter
l'utilisation transfrontière, et mettre en œuvre d'autres mesures pour
améliorer l'interopérabilité transfrontière, notamment dans les situations
où les utilisateurs non publics sont soumis à des restrictions. Soutenir
la coopération et la coordination internationales pour la réutilisation
commerciale et l'utilisation non commerciale. Éviter le fractionnement,
promouvoir une plus grande interopérabilité et faciliter l'échange et les
comparaisons des ensembles de données nationaux et internationaux.
Rechercher l'interopérabilité et des formats communs compatibles et
largement utilisés.
- Pratiques exemplaires. Encourager une large mise en commun des
pratiques exemplaires et l'échange d'informations sur les efforts accrus
de mise en œuvre, l'éducation des utilisateurs et re-utilisateurs, le
renforcement des capacités institutionnelles et les mesures pratiques
destinés à promouvoir la réutilisation, sur les modèles de coûts et de
tarification, sur le traitement des droits d'auteur et sur le suivi des
résultats et le respect des règles, ainsi que sur leurs impacts plus
généraux sur l'innovation, l'entrepreneuriat, la croissance et les effets
sur la collectivité.
INVITE :
les pays Membres à diffuser la
présente Recommandation dans l'ensemble des secteurs public et privé, notamment
auprès des gouvernements, entreprises et autres organisations internationales,
afin d'encourager tous les participants intéressés à prendre les mesures
nécessaires pour étendre l'accès aux informations du secteur public et en
promouvoir une utilisation plus efficace ;
les économies non Membres à
prendre en compte la présente Recommandation et à collaborer avec les pays Membres
dans sa mise en œuvre.
CHARGE le Comité de la politique de
l'information, de l'informatique et des communications de promouvoir la mise en
œuvre de la présente Recommandation et de procéder à son réexamen tous les
trois ans afin de favoriser un accès élargi aux informations du secteur public
et une utilisation plus efficace de ces informations.